La terre défie,
bout, brûle, gémit ;
la mer s’oublie,
moutonne, s’enflamme, mugit ;
le soleil joue,
giboie, ondoie, rugit ;
le vent balaie,
court, tourbillonne, surgit… ;
et, toi aussi, éruptive,
écumante, ardente, éperdue,
tu défies, tu bous,
tu brûles, tu gémis, tu t’oublies,
tu moutonnes, tu t’enflammes, tu mugis,
tu joues, tu giboies, tu ondoies,
tu rugis, tu balaies, tu cours,
tu tourbillonnes, tu surgis… ;
et ton amour défie.
Arc double subtil pendant inverse de la voûte
étoilée ou d'azur dans laquelle il se mire,
arche frêle zébrée de haubans lumineux
qui soutient ce tablier de terre...
Aucune gravité ne se lit sur ses traits
car, dans le même temps où ils touchent au ciel,
chaque membrure d'or comme un fier tisonnier,
chaque membrure d'air comme un profond soufflet,
réveille de l'abîme un soleil oublié,
radieux à mesure qu'il se lève.
Incidemment, la cendre ocreuse d'un vieux monde,
avec l'astre aussitôt remuée, automnale,
excède en voletant le bord de la chaussée,
avant de retomber dans son urne parmi
d'ardentes nébulosités...
J'ai vu d'une pierre d'attente,
en pointillés de fer, deux cœurs semblant
faire d'une pierre deux coups,
tirer, en fait, chacun sur la chaîne commune
et, sur la comète de leur amour,
des plans, ensemble, de solitude ;
une ombre fossile, d'un arbre
autrefois si plein de sève et porteur
des fruits de l'expérience,
enter l'antique vérité
perdue sur des générations ;
d'un vol de grues monter à la fois
la tourbe des marais et un orbe de sang
sur l'horizon, des sens le crépuscule
initier l'homme au dernier cercle ;
une flamme si frêle, fuyante,
accoucher d'un soleil
qui aussitôt se dérobe ;
et une montagne d'une souris
sur laquelle, impassible, Tu sièges,
ô Ganesha !...