Ecrivain et poète, né en 1968 à Boulogne-Billancourt.

 

 

2000 : Album de lunes, poésies et dessins, inédit.

 

 

2004 : Cirse à feuilles lancéolées, poème publié dans l'anthologie de Jean-Luc Favre et Matthias Vincenot, Les nouveaux poètes français et francophones, Les Lettres du Temps, Jean-Pierre Huguet Editeur.

 

 

2006 : Six poésies publiées sur le site de la revue Passage d'encres.

 

 

— Le Temps des Mouches, poème en vers, d'après un conte de Claude Mathieu, Info Yoga, N° 56, février-mars 2006.

 

 

2016 : Délivrance de la caille, roman publié à compte d'auteur (ISBN 978-2-9557696-0-7), qui anticipe le mouvement des Gilets jaunes de 2018 :

 

   Suivie de son fil blanc tour à tour lâche et tendu, l'aiguille piquait et repiquait vite le gant gauche, troué à l'annulaire, en jetant, sous la boule de lustre pendue au plafond, de fins éclairs argentés.

   Quand Aurore eut promptement achevé de repriser son gant, elle se leva toute contente, contourna l’ami, qui l’accompagna du regard jusqu’à ce qu’elle disparût derrière lui, et se coula doucement dans son dos en l’enlaçant de ses bras tendres.

   Au moment où les yeux alanguis, plissés d’aise déjà, se fermèrent, l’attelage câlin fut soudain propulsé au-dessus d’une foule immense, dont la tête menaçante, agglutinée devant la grille d’honneur du palais de l’Élysée, poussait contre les boucliers antiémeute d’un cordon de troupes de l’Eurocorps.

   Virant plein sud, passant la Seine entre le pont Alexandre III et celui de la Concorde noir de monde, l’éthérique équipage obliqua sur l’Assemblée nationale.

   Encadré par des insurgés, un député, affublé d’un nez rouge, descendait les marches du vaste péristyle, accueilli par les huées d’une gigantesque marée humaine.

   Place du Palais-Bourbon, derrière les lances de fer encageant la fière Loi de Jean-Jacques Feuchère, deux gardes républicains, plumet rouge au vent, sabre au fourreau, surpris en grande tenue de service par le soulèvement populaire et la reddition de la ville, faisaient la courte échelle à un homme qui voulait se hisser sur le haut socle de la statue pour se faire entendre.

   Cramponné d’une main à un genou de marbre, le Sceptre de Justice dardant son or dans son dos, l’homme s’écria :

   « Attention, s’il vous plaît, écoutez !… Écoutez-moi !… Ne faisons pas comme les Tunisiens ! Ne relâchons pas notre vigilance ! Ne croyons pas que c’est arrivé ! Les voleurs de pouvoir sont à l’affût… Rappelez-vous ce que disait Étienne Chouard ! Ne laissons plus de faux représentants décider à notre place ! Pour instaurer une démocratie digne de ce nom, écrivons nous-mêmes la Constitution ! Instituons le tirage au sort de l’Assemblée constituante et de chambres de contrôle des pouvoirs ; la réelle séparation des pouvoirs ; la rotation des charges avec des mandats courts et non renouvelables ; la révocabilité, à tout moment, des acteurs publics ; la reddition des comptes ; le droit de parole pour tous ; le référendum d’initiative populaire ; l’indépendance de l’information et des médias… et une création monétaire publique !… Élevons-nous au rang de citoyens ! Votons nous-mêmes nos lois !

   — Il a raison ! cria une femme au milieu de la place.

   — Ouaaais ! » déflagra la foule soulevée d’enthousiasme.

 

   En sentant quelque chose effleurer leur nimbe bilobé, une balle de caoutchouc les avait subtilement frôlés, tirée en l’air par un jeune insurgé, qui, ayant mis la main sur un Flash-Ball, venait par là de rendre grâces au ciel, les amants spirituels se retrouvèrent, un peu ahuris, dans la cuisine, toujours serrés l’un derrière l’autre.

   « Comme si on y était ! s’exclama Jean en caressant les bras ronds tombant sur sa poitrine.

   — Je vais mettre la radio, dit Aurore, si des fois on se montait le bourrichon. »

   Se soustrayant à la caresse, elle se dirigea vers le frigidaire surmonté d’un vieux poste à lampes Grammont. Elle alluma l’antiquité en bois verni et fit défiler les stations :

 

   « La vérité, c’est qu’on ne pourra pas sortir de la crise et réduire nos déficits sans travailler plus et sans dépenser moins… Zzzzz...

 

                                                                        Summertime and the livin’is easy

                                                                        Fish are jumpin’and the cotton is high

                                                                       Oh your Daddy’s rich and your ma is good lookin’… Zzzzz…

 

   Internet est en train de tuer le journalisme… Zzzzz…

 

   Il fait toujours aussi beau sur la façade atlantique. Quelques brouillards vite dissipés en Bretagne. En revanche… Zzzzz…

 

   Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti… Zzzzz…

 

   Les élus communautaires du Pays bigouden sud parlent d’une même voix… Zzzzz…

 

                                                                         Sur le coup du sixième sceau,

                                                                         Si Phébus plus noir que la veille

                                                                         Sombre, la Terre endosse un saut-

                                                                         De-lit à petits pois merveille !... Zzzzz…

 

   L’Europe a été notre programme d’ajustement structurel… Zzzzz…

 

   Gémeaux, vous saurez mieux ce que vous souhaitez et vous ne manquerez pas de le faire savoir…

 

   — Calme plat, coupa Aurore en éteignant l’appareil et en jetant un œil sur l’horloge à suspendre, au cadran rouge paré de petites fleurs bleues et roses. Quatre heures du matin, fit-elle observer, un peu tôt pour entendre gronder la Seconde Révolution française, non ?

   — À ce train-là, répliqua Jean, la France se réveillera dans un camp de travail à régime spécial…

   — Européen ! » ajouta Aurore en grimaçant la dernière syllabe.

 

 

2023 : Roman en cours d'écriture, sans titre défini pour l'heure (extrait dans En cours).